Célébration de la Noël 2018
Sous le signe de la paix et du changement de comportement
Les chrétiens du Niger, à l’instar de monde entier ont célébré hier la fête de la nativité ou Noël. Plus d’un millier de fidèles se sont retrouvé autour de l’Archevêque Mgr Laurent LOMPO en la Cathédrale de Niamey où il a délivré un message de paix. C’était en présence du Ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur ….. M. Bazoum Mohamed accompagné de ses collaborateurs, des représentants de la communauté musulmane et des membres du corps diplomatique accrédités au Niger.
Au Vatican dans son message de la veillée de Noël, le Pape François a souligné que «L’homme est devenu avide et vorace. Avoir, amasser des choses semble pour beaucoup de personnes le sens de la vie». Il a constaté qu’«une insatiable voracité traverse l’histoire humaine, jusqu’aux paradoxes d’aujourd’hui; ainsi quelques-uns se livrent à des banquets tandis que beaucoup d’autres n’ont pas de pain pour vivre». Pour le Pape, on doit dépasser le sommet de l’égoïsme, il ne faut pas glisser dans les ravins de la mondanité et du consumérisme».
Abondant dans le même sens, l’Archevêque de Niamey Mgr Laurent LOMPO indique que Dieu vient parmi nous à la forme d’un petit enfant. « Il n’exige pas de nous un changement de statut, qu’un politicien devienne un leader religieux, qu’un homme devienne une femme, qu’un cultivateur devienne un administrateur de haut rang, que l’Afrique devienne l’Europe, que le Christianisme devienne l’Islam, etc. Mais il exige de nous en cette nuit de Noël un changement de comportement » a dit Mgr Laurent LOMPO.
Il a martelé que nous sommes plus que jamais invités à quitter notre vieux monde où les ténèbres nous empêchent de voir la misère autour de nous, où l’orgueil nous ferme le cœur pour ne pas reconnaitre nos fragilités et nos fautes ; où le pouvoir que nous avons sert d’écraser les plus petits ; où la haine nous pousse à la violence ; où le manque d’amour nous rend égoïstes, souvent incapables de partager même notre superflu avec les pauvres qui mendient à nos portes.
L’Archevêque de Niamey a ajouté que nous fêtons Noël dans un climat de joie d’une part et d’autre part avec des difficultés que nous connaissons tous. « Nous avons été gratifiés d’un hivernage plus satisfaisant que les années passées. Dans plusieurs régions de notre pays, les récoltes ont été abondantes tant au niveau vivrier que fourrager. Une volonté ferme tant au niveau politique, religieux que coutumier à une recherche de paix à travers le dialogue intra et inter-religieux. Un effort d’embellissement de nos villes à l’instar d’autres pays de la sous-région. Une volonté ferme de dialogue au niveau de la classe politique pour l’intérêt général du pays » a-t-il souligné. Mais à côté de ces joies, a-t-il continué, nous avons d’énormes difficultés en face de nous qui perturbent notre vie tant aux niveaux social, religieux, politique et économique.
« Nous pensons au radicalisme religieux venant de tout bord qui, de nos jours, ralentie la fraternité entre nous, pousse à la violence et empêche le dialogue franc dans les relations. L’insécurité généralisée : plusieurs de nos régions sont déclarées « zones rouges », c’est-à-dire où l’ennemi peut d’un jour à l’autre enlever des individus (nous pensons au père Pier Luigi et tant d’autres retenus en captivités), massacrer des populations et attaquer des postes de sécurité du pays. Ce fléau nous plonge dans la peur et freine notre élan de travailler pour la population qui devient de plus en plus pauvre. Une jeunesse en perte de valeurs culturelles et qui ploie sous le chômage. Elle est souvent tentée au découragement car les perspectives semblent fermées à l’horizon. Une classe politique qui a besoin de s’estimer, de respecter les convictions des uns et des autres, de dialoguer dans la franchise et de travailler pour l’intérêt général du peuple nigérien » a dit l’Archevêque de Niamey.
Pour sa part, le Ministre d’Etat, M Bazoum Mohamed est venu témoigner de la volonté du gouvernement à œuvrer pour un Niger épris de paix et de tolérance. « Aux minoritaires que vous soyez ici au Niger, vous n’en êtes pas moins des citoyens à part entière » a dit le Ministre d’Etat, avant de soutenir que « nous avons les mêmes repères et les mêmes valeurs [NDLR chrétiens et musulmans]. Le ministre a ensuite exprimé son sentiment envers le père Pier Luigi, enlevé, selon ses termes par des personnes « qui ne partagent pas nos valeurs communes ». Il a ensuite eu une pensée à l’endroit des familles de tous ceux qui ont été victimes de « cette frénésie de la mort porté par des hommes qui se réclament de Dieu, qui pourtant en sont très loin ».
Abandé Moctar