Repose en paix Fati Karimou

C’est avec une grande émotion que nous avons appris le rappel à Dieu hier de notre sœur, journaliste et ancienne communicatrice à la Cadev-Niger Fati Karimou. En ce moment douloureux nous avons une pensée particulière pour sa famille. Que Dieu soit leur réconfort et accorde à notre collègue de reposer en paix dans son paradis éternel. Amen

En mémoire d’elle et de sa plume nous publions un de ses articles sur la crise alimentaire au Niger.

[Famines au Niger : Crise conjoncturelle et structurelle

 

Le Niger, vaste territoire sahélien au ¾ désertique a été durement éprouvé par plusieurs crises alimentaires depuis la nuit des temps. Pour son élevage comme pour son agriculture, le pays demeure intimement lié à la bonne répartition des pluies dans le temps et dans l’espace. Malheureusement ce bon arrimage ne s’opère pas correctement ce qui fait abattre des crises alimentaires régulièrement. En jetant un regard en arrière, on se rend compte que le Niger avait connu entre 1966-1967 une insécurité alimentaire résultante de trois années de mauvaises récoltes et d’attaques acridiennes. Le pays se relevait à peine de cette pénible épreuve puis, malheureusement en 1973-1974, il se retrouve plonger dans une crise. Les crises se sont multipliées par la suite. On compte ainsi selon les spécialistes du monde rural, une crise agricole en moyenne tous les trois ans. La litanie des années ayant enregistré des déficits vivriers importants sont les : 1984, 1987, 1989, 1990, 1993, 1997, 2000, 2005, 2007, et 2010.

 

Selon l’organisation des Nation Unies pour l’Alimentation FAO, « la sécurité alimentaire est assurée quand toutes les personnes, en tout temps, ont économiquement, socialement et physiquement accès à une alimentation suffisante sûre et nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires pour leur permettre de mener une vie active et saine ».

Il apparait que l’insuffisance alimentaire au Niger est d’une part conjoncturelle parce que causée par des facteurs naturels occasionnant une pénurie (sécheresse, ennemis de cultures, inondations,…)  mais aussi structurelle. La crise est dite structurelle ou chronique lorsque les ménages n’ont pas de ressources à cause de leur extrême vulnérabilité. Les ménages n’ont pas de ressources pour acheter les vivres nécessaires. Elle peut être aussi liée à l’inaccessibilité des marchés de ravitaillement parce que trop éloignés. La grande cause structurelle de la crise alimentaire réside dans les moyens peu performants de production. Les paysans n’ont que la force de leur bras pour produire ce qui ne permet pas d’emblaver de grande surface si celle-ci existe. Pour les ménages pauvres, il est impossible de stocker les vivres pour une longue durée. Ainsi donc, les familles vendent la plus grande partie de leurs récoltes à bas prix aux commerçants véreux et sont obligées d’acheter une petite quantité lorsque les prix sont élevés.

 

Les paysans pour s’en sortir adoptent plusieurs stratégies pour atténuer les effets des pénuries alimentaires chroniques : les cultures de contre-saison furent vulgarisées à travers tout le pays ; l’Office des Produits Vivriers du Niger, un centre de stockage de produits alimentaires (OPVN) a été également mis en place, afin de parer aux éventualités de déficit alimentaire. Le Système d’Alerte Précoce est venu en appui. Il est impliqué simultanément dans la gestion de l’information dans le domaine agro sylvo-pastoral, l’aide à la décision et la mise en œuvre des stratégies d’assistance. Bref, il vise prioritairement l’identification des besoins alimentaires des populations vulnérables et un meilleur ciblage des aides alimentaires.

Cependant, malgré les efforts de tous les gouvernements qui ont passé au Niger, les facteurs de crises répétées remettent en question l’aspiration du pays à la souveraineté alimentaire tant prônée. 

Ainsi, le Niger se débat tous les trois ou quatre ans avec le problème de récoltes déficitaires, obligé de se tourner souvent vers l’aide internationale.

Les efforts doivent alors s’orienter vers les recherches agricoles poussées les mieux adaptées au Sahel, et développées localement des alternatives qui permettent un développement agricole répondant aux besoins des agriculteurs les plus démunis. ]

Fati Karimou Ambouta

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